Stage EPS et mixité
EPS, mixité, égalité Illustration en rugby et en boxe française
Les filles ont-elles une place en EPS ? Cette place est-t-elle en leur faveur ?
Dans l’exercice de notre métier d’enseignant-te EPS, la prise en considération des inégalités de réussite entre les filles et les garçons représente une préoccupation incontournable dans une discipline qui aux yeux de bon nombre d’acteurs est fortement teintée de masculinité.
Doivent-elles avoir une autre place que celle qui leur est attribuée dans la sphère sociale ?
La problématique de la réussite de tous et toutes en EPS n’est pas nouvelle. Les multiples incitations qui enjoignent à rétablir l’équilibre en faveur des filles ont fait l’objet d’adaptations pédagogiques et de positionnements didactiques divers. Pour autant, le problème des inégalités entre sexes est-il résolu ?
Un but marqué par une fille qui compte double, un handicap attribué à un garçon quand il s’oppose à une fille, diriger les filles vers des pratiques esthétiques et les garçons vers l’acrobatique, sont-ils des aménagements pédagogiques de nature à affirmer la place des filles ?
L’élévation artificielle des notes des filles aux épreuves certificatives, par mesure compensatoire pour contrer les inégalités que l’école ne peut neutraliser, est-elle acceptable ?
Pourtant l’EPS confrontée à la mise en action du corps, ne peut ignorer les effets de genre qui déterminent nos attentes vis-à-vis des élèves et dirigent nos interventions à partir de nos propres représentations.
Sommes-nous conscients du nombre de fois où nous nous adressons aux filles et aux garçons et le faisons-nous de manière identique ?
Attendons-nous des filles et des garçons la même réussite, sachant que physiologiquement les différences existent (non?) et que les filles sont bien plus méthodiques bien sûr ?
Considérons-nous de manière identique l’erreur commise par une fille et celle commise par un garçon ?
Les facteurs sociaux agissent dans notre discipline de manière évidente. L’enseignement des APSA qui repose sur les pratiques sportives véhicule une forme de prédominance masculine. Elle est issue des représentations sociales qui attribuent d’abord une valeur genrée à l’activité physique elle-même et ensuite effectuent une répartition en fonction des sexes.
Naturellement les filles préfèrent les activités d’expression et les garçons les sports collectifs, non ? Si on les mélange forcément cela ne va pas marcher et personne n’y trouvera son compte.
Les filles sont moins dynamiques, il faut faciliter leur implication en leur proposant des aménagements. Pour les garçons, il faut les discipliner et veiller à l’application des règles.
Les uns sont à contrôler, les autres à motiver.
Comment faire accepter que le rugby ou la boxe française concernent aussi les filles ?
Les freins sont-ils sécuritaires ou dépendants de représentations sexistes ?
Les inégalités s’expriment de manière évidentes en EPS, mais elles révèlent des origines davantage sociales et culturelles, qu’un déficit physiologique naturel.
Cependant, les inégalités ne se cantonnent pas nécessairement aux différences entre les filles et les garçons. Cette problématique met en évidence un phénomène plus large qui concerne les inégalités de réussite en fonction du niveau de connaissance, des pratiques culturelles, des différences morphologiques individuelles, des besoins particuliers ou de l’investissement scolaire qui conduit à excellence.
Les visées éducatives qui incombent à l’école ne peuvent faire l’économie d’une dénonciation des comportements sexistes. Il lui revient de veiller à ce que chacun et chacune soit en mesure de faire évoluer ses représentations de la répartition des rôles sociaux attribués aux sexes. Cela revient à donner les moyens aux individus d’interpréter les problématqiues de genre en en faisant une lecture éduquée.
L’EPS dispose d’arguments éducatifs pour favoriser l’égalité de réussite et lutter contre les stéréotypes.
Le rôle de l’enseignant dans l’intention de privilégier la mixité et d’en faire partager les valeurs aux les élèves est déterminant. La volonté de créer un climat qui tend à maîtriser l’attitude des garçons et à aider les filles n’est pas une garantie, mais ne pas vouloir intervenir conduit à laisser les inégalités persister au détriment des filles.
L’enseignement des APSA selon des dispositifs qui valorisent la complémentarité semble être une opportunité et favorise le « faire ensemble », dans un objectif commun selon une répartition des objectifs équitables et accessibles.
Les manières d’entrer dans l’activité sont également des points d’appui qui favorisent l’implication en tenant compte des représentations des élèves pour aborder des activités qui peuvent susciter des gênes.
La transmission des contenus qui permettent de véritablement donner les moyens de progresser est un moyen de renforcer le statut et la place de chacun et chacune. Il s’agit de réfléchir aux contenus qui sont délivrés aux filles et aux garçons, sont-ils différenciés selon des préjugés ou en fonction des besoins décelés ?